QUELQUES heures
après son arrivée, Brigitte Girardin, Ministre français déléguée à
la Coopération, a été reçue par le Président Sambi en présence de
Christian Job ambassadeur de France à Moroni. C’est après cet
entretien qu’a eu lieu, toujours au Palais de Beit Salam, la
cérémonie de signature du Document cadre de partenariat entre la
représentante du Gouvernement français et le Ministre comorien des
Relations extérieures, relatif à une aide de 88 millions d’euros sur
cinq ans.
Pour le Ministre Ahmed Djaffar, être la
première à concrétiser l’engagement pris à la conférence des amis
des Comores de décembre 2005 à Maurice démontre la force des liens
séculaires entre les deux pays.
Par ce protocole, la France va
participer au financement de projets prioritaires dans le
développement socioéconomique comme la santé, l’agriculture et le
secteur productif. Concrètement, il s’agira d’équiper les centres
hospitaliers de référence, d’accentuer le soutien de la coopération
française fourni au syndicat des agriculteurs afin de faciliter
l’exportation de certains produits vers Mayotte. La Banque de
Développement des Comores bénéficiera également une ligne de crédit
pour soutenir la création d’entreprise. Le Ministre français a
précisé qu’Anjouan devra bénéficier d’une part conséquente de cette
enveloppe au vu du dénuement qui frappe sa population. En fait, cela
fait partie des mesures qui visent à freiner l’émigration vers
Mayotte les candidats étant majoritairement de cette île.
Dans son allocution, Mme Girardin a
évoqué le bien fondé du co-développement, le tout nouveau programme
qui va démarrer dans quelques semaines et qui va financer des
projets de la diaspora comorienne installée en France, toujours dans
le but de limiter l’émigration.
Mayotte : une épine
dans les relations franco-comoriennes
Dans cet échange d’amabilité, la
question de Mayotte, cette épine dans les relations
franco-comoriennes a été abordée de façon formelle. Le chef de la
diplomatie comorienne a parlé des souffrances d’un peuple victime de
ce contentieux juridico-politique, tandis que le Ministre français
tout en reconnaissant que « la proximité
géographique est une réalité qui s’impose à tous », a
ajouté que ce sujet sensible ne doit pas freiner les relations
bilatérales.
Rappelons, que si les politiques
essaient de minimiser les divergences à propos de Mayotte, la
tension a été assez vive les jours qui ont précédé cette visite
ministérielle. En effet, une organisation de la société civile
dénommée Œ‚ Comité Mahorais‚ avait implanté des panneaux réclamant
le retour de Mayotte. Ces affiches ayant été enlevées par des
inconnus, le Comité Mahorais a déployé de larges banderoles à
l’arrivée du Ministre disant « Mayotte est
comorienne et le restera à jamais ». Entre temps, des
tracts menaçants des diplomates français avaient été distribués, à
Anjouan.
A propos du séjour de Mme Girardin,
Moustafa, un homme d’affaire, estime que c’est la diversification
des relations diplomatiques notamment en faveur des pays arabes qui
pousse la France a raffermir ses relations : « l’arrivée d’un opérateur portuaire plus sérieux
que la société française qui était là, les sociétés d’investissement
du Koweït, de la Libye, et des Emirats Arabes Unis qui s’intéressent
aux transports maritime et aérien, aux infrastructures hôtelières et
au système bancaire inquiètent les Français ». Quant à
Youssouf Said, un grand commis de l’État, c’est une bonne chose
d’avoir des bonnes relations avec la France car cela constitue un
gage de la stabilité et à ses yeux, « cela est
plus important que l’argent qu’elle peut nous donner ».
A.
Mohamed